Le blockbuster deal attendu depuis déjà quelques jours es finalement effectif. Orlando se débarrasse de Rashard Lewis, Vince Carter, Mike Pietrus et Marcin Gortat. Washington lâche l’agent Zéro, Phoenix refile son Turc et Jason Richardson. Ou la grande pagaille des plans à trois. Décryptage.
Vu de Phoenix:
Les bonnes nouvelles: Turkoglu n’est plus. Un soulagement du côté de Phoenix. Le boulet Turkoglu s’en est allé après n’avoir absolument rien fait de positif avec les Suns. Au final, tout le monde est content de ce départ. La franchise de l’Arizona ne supportait plus l’inactivité de l’Européen et ce dernier, lui, retrouve la seule franchise où il n’a laissé que de bons souvenirs. Deux rôle-player importants. Mike Pietrus ne va pas révolutionner le jeu de Phoenix, c’est sûr. N’empêche, un mec capable de défendre sur les meilleurs arrières de la Ligue, ça n’est jamais anodin. Sûrement un bon deal pour les deux parties puisque le Guadeloupéen semblait ne plus avoir la confiance d Stan Van Gundy. Avec les Suns, MP2 se retrouve dans un club à la lutte pour les playoffs mais où son profil devrait convenir parfaitement au jeu prôné par Alvin Gentry. En plus des qualités défensives du frenchy, Phoenix récupère un vrai pivot en la personne de Marcin Gortat. Pas un esthète le Polonais n’en reste pas moins une valeur sûre en termes de rebonds, de défense et de combattivité. Barré par D12, Gortat n’a jamais vraiment eu l’occasion de montrer toutes ses qualités. En doublure de Robin Lopez, Gortat pourrait permettre à Frye d’évoluer un peu plus souvent au poste 4 où son adresse extérieure pourrait faire malheur. Les Suns, eux, devraient nettement progresser en défense et au rebond.
La question: Les Suns n’ont-ils pas 10 ans de retard?
Début 2000, posséder un trio formé par Steve Nash, Vince Carter et Grant Hill, c’était l’assurance d’être candidat au titre et d’apparaître dans tous les Top10 de la saison. Une décennie, des blessures, des désillusions et des déceptions plus tard, le trio paraît toujours sympa mais loin de garantir gloire et succès. Grant Hill rajeunit bien chaque saison mais ce n’est pas vraiment le cas pour l’ancienne star de North Carolina. Carter, à Orlando, c’est beaucoup de shoots forcés, un impact très léger sur l’équipe, une défense jamais trop pressante et une bonne fessée reçue par les Celtics. « Air Canada » n’est plus, ses envolées non plus. Reste un attaquant doué, plutôt fin et fluide dans son jeu mais un athlète qui peine à exister depuis que la gravité l’ait rattrapé. Chez un concurrent direct pour le titre, Carter n’a pas réussi à donner suffisamment. A Phoenix, les ambitions fixées sont moins relevées, la pression moindre et les trous d’airs défensifs de l’ancien vainqueur du Slam Dunk Contest devraient passer inaperçus. A première vue, le mariage pourrait aboutir à une jolie nuit de noces. De là à dire que Phoenix a récupéré mieux que Jason Richardson, ça semble un peu trop optimiste.
Vu de Washington:
Bonne nouvelle:
Le pistolero a disparu. Arenas ne pouvait rester à D.C après sa boulette de l’an passé. Jouer avec les armes, c’est mal et Gilbert s’en est aperçu un peu trop tard. Du coup, lui ne se sentait plus chez lui et les Wizards ont tout fait pour que la situation n change plus. L’équipe appartient désormais à John Wall et Arenas ne représentait qu’un frein à l’éclosion du génie. Surtout, apporter Kirk Hinrich à l’effectif et les belles performances de Nick Young faisaient de Arenas un boulet encombrant dan le roster de la capitale. N’empêche, son énorme contrat l’obligeait à montrer qu’il n’avait pas perdu tout son basket. Un début de saison correct a motivé le Magic à la recherche d’un peu de folie et d’énergie, deux mots inconnus dans le vocabulaire de Rashard Lewis. Mais Washington n’avait pas trop le choix, Arenas et son gros contrat, sa sale réputation ne pouvaient offrir une bonne monnaie d’échange. Le plus important restait de toute façon de se débarrasser de Gilbert. Pour la cohésion du groupe, l’avenir de Wall et l’ambiance générale de l’équipe.
La question: Que faut-il attendre de Lewis?
Prendre Rashard Lewis, c’est un peu comme acheter une Fiat 500. C’est bien trop cher pour ce que c’est, surtout niveau qualité/prix, tout le monde le sait mais certains fondent quand même pour sa ligne stylée et raffinée. Lewis, les GM du monde entier savent que c’est l’arnaque de la dernière décennie en NBA. Le nouveau Juwan Howard – surpayé par…les Wizards aussi dans les 90’s – ne fera pas gagner plus de rencontres, ne qualifiera pas Washington pour les playoffs et n’arrangera rien en ce qui concerne le futur proche. Certes, mais Lewis ne bouffe pas la balle, au contraire de Gilbert Arenas. Suffit de lui filer quelques munitions et il sera bien heureux Rashard. Surtout si les responsabilités sont confiées à Wall, Blatche et Hinrich. En seconde lame, le shooter peut même s’avérer une bonne surprise s’il est bien utilisé et qu’il ne se met pas en tête que sa saison est d’ores et déjà terminée.
Vu d’Orlando:
Les bonnes nouvelles: Jason Richardson débarque. Ca, c’est du tout bon. Parfait pour le style voulu par Van Gundy. A savoir, un shooter fou qui a montré de superbes choses du côté de Phoenix. Richardson possède le jeu parfait pour s’entendre avec Jameer Nelson et Dwight Howard. Gros attaquant, il a pris une stature plus importante après le départ de Stoudemire. Au Magic, il va retrouver un rôle de lieutenant qui devrait lui convenir à merveille. Moins fixé par les défenses, son adresse longue-distance bien plus régulière que celle de Carter s’annonce comme un renfort de poids pour les Floridiens.
Turkoglu, la terre promise. A Sacramento, à San Antonio, à Toronto puis à Phoenix, Hedo s’est barré la queue basse. Un constat d’échec, l’image d’un mec qui ne donne pas tout, qui joue sans passion, sans âme, sans joie et donc qui perd. Voilà ce que retiennent la plupart des franchises où est passé le Turc sauf…Orlando. L’alliage a pris, Van Gundy a su en faire son second meneur, lui lâchant totalement la bride, le laissant inventer des gestes et se régaler des pick de Dwight Howard. Sa vista, sa vision du jeu et sa capacité à créer des espaces pour Lewis ou Nelson furent les plus grandes forces du Magic quand ils parvinrent jusqu’en finale. Depuis, personne n’a jamais revu Turkoglu à ce niveau-là. Du coup, on se dit que Orlando y est forcément pour quelque chose. Et un Turkoglu ayant envie de jouer, c’est une très bonne affaire!
Arenas trouve une nouvelle famille. Après avoir explosé à Golden State, Arenas était devenu une star, l’un des trois meilleurs meneurs de la Ligue, à Washington. Une blague armée plus tard et l’Agent 0 n’avait plus rien d’une star et les Wizards ne le considéraient plus que comme un homme devant quitter la boutique au plus vite. C’est fait pour le plus grand bonheur de tout le monde. Arenas n’est pas mal loti puisqu’il quitte l’un des cancres de la Ligue, pour le Magic. Surtout, sa passion pour le jeu, son sourire et ses séries folles vont rapidement enthousiasmer le public, bien plus que la mollesse de Lewis pouvait le faire. Pour Arenas, cela représente la chance à ne pas rater. Pour Orlando, ce pourrait déboucher sur la très bonne affaire de l’année.
La question: Y-a-t-il un défenseur dans l’avion?
D’accord, Howard sera le rempart le plus dangereux de toue la NBA, durant l’essentiel de sa carrière. Mais l’ogre ne peut pas être partout et faudrait quand même penser à défendre un brin quand il s’agira de défier Heat, Bulls et autres Celtics. Mais Mike Pietrus et Marcin Gortat s’en sont allés. Pas les plus doués de la bande certes, mais des chiens de la casse prêts à se sacrifier en défense. Et ça, ce ne sont pas les nouvelles recrues qui le feront. Richardson, c’est deux concours de dunk remportés, Arenas reste le shooter le plus incontrôlable de la Ligue et Hedo a toujours cru qu’il appartenait à l’équipe offensive, comme au foot US. Bref, la défense n’a clairement pas été mise en avant lors de ce trade, du côté d’Orlando. Ce qui, en playoffs, pourrait s’avérer délicat.
Conclusion: Orlando sort vainqueur.
Il n’y a pas de grand gagnant dans ce trade mais le Magic s’en sort plutôt bien avec un gros renfort offensif. Carter-Lewis n’arrêtaient pas de baisser et ne pesaient plus rien sur le jeu du Magic. Turkoglu et sa palette complète, Arenas prêt à se refaire une image et Jason Richardson et son adresse impressionnante font du Magic une équipe très offensive et, surtout, meilleure qu’avant.
Phoenix prend un risque.
Après avoir perdu Stoudemire, les Suns se séparent de leur autre maillure marqueur pour deux rôle-player importants mais aussi pour Vince Carter. D’où un très gros risque. Carter n’a pas l’étoffe d’un go-to-guy et possède une propension à trop shooter assez phénoménale. Phoenix savait bien tout cela mais a quand même tenter le pari.
Washington fait table-rase.
Récupérer Rashard Lewis ne peut être positif. Trop cher, trop mou, trop nonchalant, trop décevant. Lewis, c’est le mec énervant. Mais bon, la présence d’Arenas dans le locker-room était devenue invivable. Les dirigeants pensent déjà à l’an prochain. John Wall prend les clés de l’équipe, Nick Young en lieutenant, Hinrich comme guide et les sorciers repartent du bon pied avec de la jeunesse et du talent. Lewis pourra toujours discuter avec Josh Howard, une autre ancienne gloire perdue à D.C.