Réveil très matinal, playoffs obligent, et vision d’un Derrick Rose parti pour un cross-over. L’arbitre le stoppe, sifflant un porté de balle. Iverson est-il revenu ?
Same style. Il ne faut pas aller bien loin pour trouver des ressemblances entre Rose et Iverson. Petits, véloces, hyper-rapides, dotés de qualités athlétiques largement supérieures à la moyenne, les deux arrières sont aussi capables de scorer tout le temps, face à n’importe qui et dans n’importe quelle position.
Un style fait de nombreux dribbles, de cross-over et de multiples arabesques aériennes pour aller chercher les fautes et les « and 1. » Des monstres en un-contre-un. Iverson était plus scorer que Rose mais cela s’explique surtout par son positionnement en arrière et non en meneur de jeu.
Le poids de l’Histoire. Pour The Answer, rien ne fut jamais simple. En NBA, il mit du temps à s’adapter, à devenir « corporate » comme le souhaite David Stern. A Philly cependant, il devint immédiatement la star incontestée de toute la ville. Et ce, dans un coin habitué au beau basket et aux grandes stars. Comme Rose à Chicago.
Plus policé, sourire « ultra-bright » de rigueur, langage réfléchi, Rose est le produit de sa génération. Pour le reste, il ne porte pas l’héritage de Doctor J ou Moses Malone mais simplement du Maître suprême de ce jeu : Michael Jordan. Lui-aussi aurait donc pu se brûler les ailes. Comme Iverson, la pression ne l’atteint pas et il se sent prêt à porter haut les couleurs d’une franchise de grand standing.
En chiffres. Si l’on compare la saison où Iverson fut sacrée MVP avec celle en cours où Rose sera plébiscité, il y a là-aussi des ressemblances. Déjà, Philly comme Chicago avait terminé l’exercice en tête de l’Est. Individuellement, Allen Iverson (31.1pts, 4.6pds, 2.5int en 2000-01) produisait plus que Rose (25pts, 7.7pds, 1stl) mais souffrait des mêmes défauts. A savoir un pourcentage aux tirs faible et beaucoup de balles perdues. Le mal de tous les arrières au jeu à hauts risques.
Deux bâtisseurs. Avant Iverson, Philadelphie croupissait dans les méandres, espérant que Derrick Coleman arrêterait de boire et que Jerry Stackhouse serait un jour un leader. Pareil constat peut être tiré à Chicago où la génération Hinrich-Gordon-Deng avait montré ses limites. Leur arrivée, 1er choix de draft tous les deux, a donc coïncidé à la remontée d’une franchise. Et ce, avec la même recette.
Un coach intransigeant – Larry Brown, Tom Thibodeau – prônant une défense hermétique, un collectif propre et un roster homogène fait de soldats dévoués, guidés par un leader offensif unique. Aaron Mckie, Eric Snow et George Lynch valent tout autant que Kyle Korver, Luol Deng et Ronnie Brewer. A l’intérieur, Noah remplit un peu le rôle du grand Dikembe.
La gouaille en moins. La seule grande différence entre Rose et Iverson se trouve en fait dans l’image et le caractère des deux stars. D’un côté, le jeune surdoué, sympa, un brin arrogant mais pas trop non plus, toujours le bon mot pour les journalistes, le respect des adversaires… Sur la même lignée que Lebron ou Durant, Derrick Rose fait dans le politiquement correct. De quoi s’assurer une belle et longue carrière NBA car l’esprit de compétiteur est là et les standards de la Ligue ont nettement aseptisé les esprits belliqueux cette dernière décennie.
N’empêche, Allen Iverson, en 2001, fut un peu plus qu’un simple MVP. Il fut l’emblème de tous les « petits » qui rêvent de succès sur les playgrounds. Il fut le symbole de la rédemption possible d’un caractériel invétéré. Il fut enfin l’étendard – et ce, bien plus qu’un an – de toute une ville fière d’être représentée par un lutin au gros cœur.
Destins croisés ? Si l’on poussait encore la comparaison, la fin de carrière de The Answer pourrait coïncider à l’avènement de Derrick Rose. On n’ira pas jusque-là. Iverson a prouvé qu’un homme seul, aussi talentueux soit-il, ne pouvait remporter le titre NBA. Rose s’est forcément nourri de cet image et les Bulls font aujourd’hui figure d’exemple de cohésion.
N’empêche, s’il veut franchir les dernières marches le menant jusqu’au sommet de la Ligue, Rose doit se rapprocher encore plus d’Iverson, conscient que ses coéquipiers ne sont pas les plus talentueux du championnat. Un zeste supplémentaire d’égo, d’arrogance et de gouaille et alors, Rose pourrait bien faire encore mieux qu’Iverson en 2001…